Critique du film « La Passion d’Augustine »

Un dégel en musique (classique)
Article de Norbert Creutz
Publié dans Le Temps, samedi 26 septembre 2015

La Canado-Suisse Léa Pool signe un retour gagnant avec «La Passion d’Augustine»

Cinéaste canadienne d’origine suisse aujourd’hui sexagénaire, Léa Pool (Anne Trister, Emporte-moi) poursuit tranquillement une belle carrière. Après Maman est chez le coiffeur (2008), la voici de retour dans ces années 1960 de sa jeunesse, pour évoquer cette fois la fin de l’emprise religieuse sur la société québécoise.

Simone Beaulieu, devenue Mère Augustine, dirige avec succès un petit couvent au bord de la rivière Richelieu, qu’elle a consacré à l’enseignement de la musique. Même modeste, l’école est un joyau qui rafle tous les grands prix de piano. Lorsque sa nièce Alice lui est confiée, une jeune fille aussi douée que moderne, le passé d’Augustine remonte. Et lorsque le gouvernement du Québec instaure un système d’éducation public, c’est tout l’avenir du couvent et de ses Sœurs qui se trouve menacé…C’est dans un parfait classicisme que la cinéaste réussit à captiver avec cette histoire d’un autre temps. On craint un moment l’académisme étouffant, mais non: c’est bien un mouvement de dégel et de libération que raconte le film, après avoir d’abord bien caché son jeu. Du coup, difficile de rester insensible au triple combat de Mère Augustine, pour sauver son couvent, porter sa nièce vers les sommets et retrouver Simone Beaulieu. Bref, un film surprenant, préférable au trop univoque, américanisé et manipulateur Boychoir de François Girard.